Topic Cinéma v.2.0

Avant d'aller trop en détails, je veux simplement mettre au point quelque chose. Quand on parle de films de science-fiction, l'un des facteurs importants est le niveau de réalisme dans ce qui est avancé. Dans certains films de ce genre, le directeur n'a aucune idée de ce qu'il parle et il fourni une explication ridicule pour expliquer quelque chose qui ne fait aucun sens. Clairement, Interstellaire possède un univers qui lui est propre, mais Christopher Nolan n'essaie pas de nous faire avaler des conneries. Il sait très bien que l'univers qu'il a créé est peu réaliste et les explications fournies sont peu profondes. Ça fait toutefois partie du style de Nolan d'établir des postulats sans les développer. Dans Inception, on nous explique brièvement la base de voyager dans les rêves, sans aller dans les grandes explications. On fait un peu la même chose dans Interstellaire. Les personnages du film connaisse ce qu'il y a à savoir et le spectateur doit se contenter de ça. C'est correct parce que le film n'est pas un film de science, mais bien un film épique. C'est clair avec la trame sonore que Nolan impose un style épique à son film. C'est pourquoi, selon moi, il faut juger le film de par l'histoire qu'il raconte et le style utilisé, plutôt que sur sa plausibilité.

Le film, selon moi, a fait deux choses très bien : la cinématographie et l'émotion. Les paysages incroyables d'Islande ont été un choix adéquat et les prises de vues dans l'espace sont à couper le souffle. Nolan est un excellent directeur et il utilise la technologie informatique et son talent de directeur pour réaliser un film où il est difficile de déterminer ce qui a été réalisé sur un ordinateur et ce qui a été un effet de pratique. Cette capacité fait en sorte qu'il est facile d'apprécier le film et de se laisser emporter par les prises de vue. Seconde chose, les scènes émotives ont été apportées avec émotion et holy shit, je ne m'attendais pas à avoir les larmes aux yeux durant le film. Interstellaire nous permet de réaliser en même temps que le personnage principal ce que représente réellement l'impact de son voyage. Parce que nous suivons les faits et gestes de Cooper, on ressent un peu ce qu'il doit sentir. Après avoir passer 3 heures sur une planète, nous revenons à la réalité : celle que 23 années de la vie viennent de passer et que nous avons manquer tout. La scène dans laquelle Cooper regarder en ordre les vidéos de ses enfants grandir, avoir des enfants, avoir leurs peurs, leurs colères. Personne n'était préparé à cette scène et l'effet de surprise a été réalisé à merveille.

Maintenant, le film n'est pas parfait et selon moi, ce qui fait en sorte que ce film n'est pas parfait, c'est qu'il exagère à certains endroits. Je ne vais pas être sévère car je respecte le ton épique du film, mais je ne vais pas ignorer certaines composantes simplement pour lui donner un 10/10. À la fin du film, notre réaction est "what the fuck just happened?" Pas parce qu'on ne comprend pas, mais parce qu'il n'y a rien à comprendre. J'admire ce que Nolan a tenté de faire en illustrant une 4e dimension spatiale, mais ça tirait vraiment des cheveux dont je ne connaissais pas l'existence. Que se passerait-il si les humains du futur décident d'abandonner le projet de construire cette 4e dimension. Dans combien de temps cette dimension sera construite? En quoi est-ce qu'une 4e dimension spatiale nous permettrait d'avoir un impact sur le passé. Je comprends que le temps est relatif, mais il avance toujours par en avant. Si nous voyons des choses dans le passé, c'est parce que la lumière voyage à une certaine vitesse. Mais si nous sommes au même endroit, on ne voit pas dans le passé. Le temps est continu et relatif, pas réversible. Si tu es pour faire ton film en entier basé sur cette prémisse, aussi bien passer un peu de temps à l'expliquer. C'est un peu ce qui sépare un 10/10 d'un 9/10. Aussi, quel est le rapport de l'amour dans l'histoire. "L'amour, comme la gravité, peut traverser les dimensions." Mais l'amour est tellement jeune par rapport à l'âge de l'univers, elle n'a pas toujours existée comme c'est le cas pour la gravité. L'amour n'est pas une loi fondamentale de l'Univers. Bref, ça fait un peu "cute" et ça enlève beaucoup au charme du film.

En général, le film nous amène dans un univers intéressant et il est très bien réalisé. Il a ses failles et il n'est pas parfait, mais c'est assurément un film qui vaut la peine d'être vu.

Le film se distingue immédiatement par son style tout simplement unique et ingénieux. En effet, le tout est filmé en une seule séquence et pour quelqu'un qui, comme moi, apprécie ces plans plus que tout, j'ai, comment dire, capoté. Le film se déroule à un train d'enfer et il est intéressant de voir comment le réalisateur s'y est pris pour conserver ce rythme tout au long du film. À chaque fois où un effet de pratique est utilisé pour changer de scène (car non, le film n'est pas réellement un plan séquence de 2 heures), la musique, les conversations, le bruit du film se poursuit, de telle sorte que nous quittons jamais la scène. Le film est comme une pièce de théâtre et c'est réalisé à merveille!

Nul besoin de dire que l'immense qualité de ce film est la manière dont le réalisateur utilise le surréalisme pour nous entraîner dans le monde du personnage principal. Nous sommes dans son esprit et nous le demeurons, même s'il n'est pas dans la scène. J'imagine que plusieurs théories ont été développées sur le sens du film, alors voici la mienne. Tout ce qui se passe est la vision du personnage principal et lorsque nous voyons des scènes, par exemple, avec sa fille (Emma Stone) et l'acteur (Edward Norton), il s'agit là fort possiblement des craintes et des images que Michael Keaton se fait de son entourage. Il est clair que le film met de l'avant son narcissisme et cela fait parfaitement de sens avec ce qui nous est présenté. À la fin du film, Michael Keaton se suicide et la dernière image qui nous est présentée est sa fille qui regarde dans le ciel avec un sourire. Parce qu'il est tellement narcissique qu'il croit que le bonheur de sa fille se résume à son propre bonheur à lui, soit son suicide.

La musique utilisée dans le film est tout simplement incroyable et pour une fois, elle sert à quelque chose d'autre que de forcer des émotions. Dans les films d'horreur, la musique impose la peur, ou dans les films d'actions, de la grosse musique est utilisée pour nous rendre nerveux. Dans Birdman, la musique est omniprésente et donne le rythme au film. On comprend non seulement qu'elle sert de rythme, mais aussi que le personnage principal l'entend, tout comme nous, ce qui renforce l'idée selon laquelle nous le suivons tout au long du film. Nous apercevons même le batteur à quelques reprises, question d'être conforme avec la schizophrénie de Michael Keaton.

Enfin, le jeu d'acteur est incroyable. J'ai un biais, car Edward Norton est mon acteur préféré, mais sa performance est sublime, et que dire de celle de Keaton et Stone! Chaque acteur a été capable d'apporter sa propre touche à ce film et d'ajouter de la personnalité à son personnage. Parce que holy shit, les personnages sont développés tout au long du film et aucun n'est laissé insipide. Si vous voulez apprendre c'est quoi de la profondeur dans un personnage, regardez Birdman, c'est un exemple à suivre.

Bref, j'ai adoré le film, le style est là, le rythme est là, les acteurs sont là. Je le recommande fortement à quelqu'un qui veut voir quelque chose de différent et quelque chose qui vaut la peine d'être regardé.