Pour ou contre le MoneyPuck?(Photo : The Daily Beast) La théorie du Moneyball dont Billy Beane a été l'un des précurseurs s'appliquer à plusieurs sports, dont le hockey (d'où ma traduction boiteuse - je l'avoue - de MoneyPuck). Est-ce que cette théorie va vraiment perdurer ou bien va-t-elle s'envoler aussi vite que la théorie des Flyers (intimidation)? La question mérite d'être posée.La petite histoire du MoneyballSi vous avez vu l'excellent film avec Brad Pitt, vous pouvez sauter ce paragraphe, vous connaissez déjà l'histoire. Pour les autres, eh bien voici un peu l'histoire. Billy Beane est un ancien joueur hyper prometteur (1er choix au total) qui n'a finalement rien fait de bon dans le baseball en tant que joueur. Il a commencé sa carrière avec les Mets, il a voyagé un peu, puis il a terminé sa carrière à Oakland. Sauf que le gars avait une bonne tête de baseball, si bien qu'il fut nommé Directeur Général des A's d'Oakland en 1998. En 2001, il possède une bonne jeune équipe avec des gars comme Jason Giambi et Jason Isringhaussen (vous ne les connaissez peut-être pas, mais croyez moi, l'un était un frappeur hors-pair et l'autre un lanceur de relève extraordinaire). Malheureusement pour Beane, il doit croiser le fer avec les Yankees et voit son équipe se faire éliminer. L'été, avec des fonds nettement insufisants, il ne peut pas mettre sous contrat ses gros canons, si bien qu'il doit amener une nouvelle approche à sa manière de diriger. Né ainsi le concept du moneyball. En très simple, à la place de remplacer un joueur par un autre, tu le remplaces par 3 qui vont apporter ensemble quelque chose de semblable à ce qu'offrait le joueur. Tu peux ainsi dénicher des joueurs qui coûteront peu cher en terme d'argent, mais qui vont apporter quelque chose sur le plan baseball. Ainsi, Beane met sous contrat un ancien receveur avec un bras fini pour le faire jouer au 1er but, un gars qui fréquente régulièrement les bars et un vieux fini, parce qu'il a la certitude que ces 3 gars-là pourront combler le départ de Giambi. Bon, pour faire une histoire courte, ça a quand même bien fonctionné, les A's ont remporté 20 matchs de suite cette année-là, un véritable exploit pour une équipe qui a connu un peu le début de saison que connaît le CH cette année. Jeremy Giambi (le gars des bars) a été échangé plus tôt durant la saison, mais bon, l'histoire est que avec une masse salariale ridicule, Billy Beane a réussi à amener en séries un équipe que personne ne voyait là-bas... Mais il a perdu. L'année suivante, il se fait offrir le poste de DG à Boston, qu'il refuse, et éventuellement, les Red Soxs remporteront 2 séries mondiales avec le gars qu'ils ont pris à sa place (Theo Epstein), tandis que Beane a toujours eu une équipe compétitive, sans jamais gagner quoique ce soit en séries. C'est pas mal ça.
Le MoneyBall, les années qui ont suiviBonjour à ceux qui ont sauté ce paragraphe! Pour les autres, on continue un peu l'histoire. Donc, comme je le disais, Beane reste à Oakland, Esptein s'en va à Boston. Les deux adoptent la même idéologie, sauf que l'un gagne, l'autre ne gagne pas. Aujourd'hui, eh bien les deux gars ne volent plus bien bien haut. Beane n'a pas fait les séries depuis 2006 et on connaît tous à quel point les Red Soxs ont fouerré l'an passée (ils ont même mis à la porte Epstein, qui s'en va à Chicago diriger les Cubs). Si vous voulez en savoir plus sur le sujet, je vous invite à lire
ce billet de Jean Dion, probablement la meilleure plume sportive qui soit en 2012. Ce qui est intéressant de constater, c'est que aujourd'hui, le concept ne vaut plus grand chose... Les Cards ont remporté la Série Mondiale parce qu'ils avaient une équipe magnifique, unie, composée de gars avec des gros contrats. On ne peut pas dire que St.Louis a appliqué le Moneyball, vraiment pas, et ils ont gagnés pareil. Les Bruins de Boston ont remporté la Coupe Stanley avec des gros canons à gros contrats. Le concept ne s'applique pas ici, l'équipe l'a prouvée en mettant sous contrat Benoît Pouliot cet été. Bref, le concept semble se dissiper peu à peu... Je ne sais pas si vous avez vu l'excellent film The Awakening avec Robert DeNiro et Robin Williams, mais c'est pas mal le même impact éphémère qu'on ressent : ça marche, mais tout d'un coup, ça ne marche plus. Est-il encore possible de construire une équipe sportive simplement en regardant des statistiques et en achetant le meilleur rapport stats/salaire?
Plusieurs joueurs ou une équipe?Le concept premier du MoneyBall, c'est d'avoir un groupe d'individu qui, s'ils fonctionnent au même rythme qu'ils sont supposés, vont donné un résultat collectif attendu et désirée. Oubliez le concept d'esprit de groupe ou de chimie, non, on parle de joueurs mis ensemble parce que leurs qualités individuelles étaient intéressantes. Si vous me connaissez bien, vous aurez deviner que je n'aborde pas dans ce sens. Adoptons ce concept au hockey. Le Moneypuck voudrait qu'un DG acquiert le joueur possédant des statistiques avantageuses par rapport à ce que l'organisation recherche. Prenons le point par match ou le pourcentage de réussite sur les lancers ou n'importe quoi d'autres et regardons ce dont nous avons besoin avec le meilleur prix possible. Avec la réalité du plafond salariale, les équipes n'ont pas vraiment le choix de faire ça... mais est-ce que ça marche vraiment? Dans ma tête : non. Et on vient d'en avoir la preuve hier, alors que le Canadien a échangé Mike Cammalleri pour Rene Bourque. Lorsque Gainey a acquis Cammalleri il y a 3 ans, je doute qu'il se soit véritablement concentré à savoir quel type de personne était Cammalleri, il a d'abord regarder ses statistiques : 39 buts, son âge : quoi, 27-28 ans à l'époque? ainsi que d'autres points qui ont fait de lui un joueur intéressant et qui comandait un salaire qui convenait à Gainey. Non seulement hier, on échange Cammalleri, mais on se réjouit de son départ puisque c'était un vrai joueur égoïste et qui était davantage un problème qu'une solution. Le total opposé du MoneyPuck, c'est de connaître l'individu et de bâtir ton équipe autour de bonnes personnes, de bons joueurs d'équipe. C'est souvent le compromis auquel doivent faire face les équipes : plusieurs très bon joueur ou une bonne équipe? J'essaie le plus possible de vous donner les bons et les mauvais côtés des deux théories parce que oui, les deux sont très valables et que oui, c'est difficile de trancher. Bien entendu, j'émets une opinion sur le sujet, j'ai donc tendance à influencer le lecteur dans leur choix, mais bon, que voulez-vous, je suis un humain, pas un robot. Personnellement, je prône davantage l'aspect psychologique du sport, l'utilisation de joueurs complémentaires, capables de bien travailler en équipe, et ce, quitte à enrayer sur le talent brut de mon équipe.
Ma questionJe veux simplement savoir ce quoi votre position, votre vraie position. C'est facile d'avoir l'air politiquement correct en affirmant que la théorie de l'approche psychologique, c'est plus beau, plus sain, mais le MoneyPuck possède également plusieurs points intéressant, soit plus de talent, mais aussi une approche beaucoup plus spécifique aux besoins d'une équipe, etc. Comme je dis, les deux théories sont très valables, d'où le débat.
Ma positionJe veux d'abord et avant tout vous faire part d'une chose que j'ai remarqué dans l'approche de Billy Beane : c'était (et c'est toujours) un communicateur hors pair, un gars qui impose le respect chez ses joueurs, parce qu'il est franc avec eux, sans s'attacher à eux. C'est un gars qui va donner confiance à ses joueurs, qui va leur expliquer ce qu'il attend d'eux, mais c'est aussi un gars très direct. Après tout, il a quand même échangé Jeremy Giambi parce qu'il n'appreçiait pas son attitude, il a été voir David Justice pour lui faire comprendre son rôle de vétéran, il a donné toute la confiance du monde à Scott Hatteberg, bref, il a construit son équipe sur le concept du Moneyball, mais il a aussi ajusté sa formation par l'approche psychologique. Revenons au hockey. Dernier championnat junior, les Russes ont déjà une équipe solide, bâtie depuis longtemps, tandis que le Canada possède une équipe talentueuse, mais qui a choisi des joueurs pour leur talent et pour des raisons spécifiques. Les Russes ont préféré ne pas aligner Vladislav Namestnikov (on ne connaît pas les raisons, mais il doit bien il y en avoir...), tandis que le Canada a préféré garder Brett Connelly, même si ce dernier avait blessé Quinton Howden au camp de l'équipe. Résultat : Connelly a marqué dans tous les matchs, mais au bout de la ligne, ce sont les Russes sans Namestnikovs qui ont battu le Canada. Suis-je en train de dire que ces deux joueurs ont décidé à eux seuls l'issus de ce match? Bien sûr que non. Mais il s'agit de deux bons exemples témoignant de la manière dont les deux équipes ont été construite.
Bref, difficile de se brancher à savoir quelle théorie adapter... Et c'est pourquoi je veux vous entendre.
Oh et, si vous n'avez pas vu Moneyball, c'est un excellent film, très bien réalisé, que je recommande à tous... et ce, même si je n'adhère pas au propos du film (comme vous avez pu le constater ^^).
Sam 14 Jan - 11:44 par ¤SeNs¬FaN¤