On oublie la stochastique l'instant d'une soiréeVous savez, il y a un grand débat en philosophie présentement à savoir si nos actions sont déterminées (cause à effet) ou bien s'il n'y a pas une composante aléatoire (la stochastique) qui entre en ligne de compte. Ce soir, on va laisser le débat de côté et on va retourner aux racines en disant que c'est ni un, ni l'autre, mais plutôt un Être suprême qui décide de tout. Parce que les probabilité de ce qui vient de se produire ce soir, c'est quasiment gênant de ne pas avouer que c'est arrangé avec le gars des vues. Et pourtant, ce n'est pas le cas!
Donc scénario. C'est vendredi, la journée la plus belle de l'année à Gatineau, pour certains, c'est la semaine de relâche, pour d'autres, c'est le dernier jour avant qu'elle s'amorce, mais pour moi, c'est un vendredi comme les autres (sans cours - héhé - mais travail - hoho). C'est soir de match au vétuste arèna Robert-Guertin, ou au Vieux-Bob, si vous préférez. Les Olympiques, qui sont sur une série de 8 défaites consécutives, accueillent les Foreurs de Val D'Or, rivaux depuis bien des années. Avec 5 rencontres à disputer, la saison des Olympiques est déjà à oublier, eux qui fêtent leur 40e anniversaire en se battant pour la 13e position au classement. Le match est présenté à la télé et ce qu'on retient surtout, c'est le 1000e match de l'arbitre en chef pour la partie, Éric Charron, surnommé pas très affectueusement par les partisans de partout à travers la Ligue (sensiblement le même surnom qu'on collait à l'ancien Premier Ministre Jean Charest). Le match commence... et se termine plutôt rapidement dans la tête de bien des gens. Après 20 minutes de jeu, c'est 6 à 0 Val D'Or. Le capitaine des Foreurs, Cédrick Henley a 2 buts et la petite peste locale, Vincent Dunn, 2 mentions d'aide, avec quelques mises en échec au tableau.
Et c'est là que je me demande bien ce qui a pu se passer dans le vestiaire des Olympiques entre la 1re et la 2e période. Mais qu'est-ce qu'il a bien pu se passer pour qu'une équipe se décide à jouer les 40 autres minutes qui suivent? Une équipe qui n'a plus rien à gagner, une équipe qui sait déjà que les efforts pour remporter un tel match seraient sans doute surélevés pour le maigre 2 points inutile qu'ils récolteraient. Pourquoi ne pas capituler et laisser le temps faire son travail? Cette question, je me la demande encore. Peu importe, un autre 20 minutes de jeu passe, la marque est de 6 à 5. Le jeune Émile Poirier, bourré de talent, mais qui ne semble pas se présenter à chaque soir, qui prend des mauvaises pénalités, qu'on aimerait tous voir en donner plus, couronne la plus belle période de la saison avec 3 buts et 1 passe. La 3e période n'est vieille que de 1 minute et 20 secondes lorsque Adam Chapman nivèle le pointage avec son 2e de la rencontre. Poirier obtient une passe sur le but. On a peine à y croire... et juste comme on commence à le réaliser, malheur de malheur, Guillaume Gélinas, l'assistant au capitaine, se sert de ses deux matadors russes qui l'accompagnent (Anton Zlobin et Artem Sergeev) pour marquer un filet crève-cœur. C'est alors qu'effacé jusque là, le capitaine des Olympiques refuse d'abdiquer. Taylor Burke crée de nouveau l'égalité et envoie les deux équipes en prolongation.
La fusillade est nécessaire. C'est évident qu'on allait en venir à cette fatidique épreuve afin de déterminer un gagnant. C'est Adam Chapman qui marque ce qui deviendra le but de la victoire. Marque finale : 8 à 7. Qu'est-ce qui s'est passé? Aucune idée. Personne ne le sait. Pourquoi c'est arrivé? Aucune idée. Seuls les joueurs des Olympiques le savent vraiment.
À la fin du match, le dirigeant des Olympiques esquisse un sourire. Il s'agit de sa 361e victoire à la barre des Olympiques. Jamais, dans l'histoire de la LHJMQ, un entraîneur n'a gagné autant de match avec une seule franchise. Ce chapitre du livre des records devra être réécrit.
Le Vieux Bob en a toutefois vu d'autres, plus sombres. En 1997, c'est la Coupe Memorial qui débarque entre ses entrailles. La ronde préliminaire s'amorce et les Olympiques (de Hull à l'époque) croisent le fer avec les Hurricanes de Lethbridge, champions de l'Ouest. Les Olympiques échappent une avance de 6-0 pour perdre le match en prolongation 7 à 6. Encore aujourd'hui, cette défaite est considérée comme la plus humiliante de l'histoire de la concession. Pourtant, quelques jours plus tard, les Piques battaient les Canes 5 à 1 en finale et soulevaient la Coupe Memorial à bout de bras, la seule de leur histoire. Seize ans plus tard, les rôles sont inversés; l'histoire complète aussi. La vie fait drôlement les choses parfois.
Une autre belle histoire à raconter, dans un futur proche.
Sam 9 Mar - 1:27 par Vallycalogy Kazooie