Canadien, à titre de religion, n'est plus identitaire.(Photo : The Globe And Mail) La nomination d'un entraîneur unilingue anglophone à la barre de l'équipe du peuple québécois, multilingue parfois francophone, a fait coulé beaucoup d'encre et j'aimerais apporté mon grain de sel là-dessus. Aussi bien le dire tout de suite, ça ne m'affecte pas vraiment et je ne sais aucunement que le CH me fait un doigt d'honneur en nommant Cunneyworth à ce poste. Selon moi, notre figure identitaire ne devrait pas être un entraîneur... ça devrait plutôt être un joueur, même si aujourd'hui, la réalité est différente que jadis.Il faut bien me connaître pour savoir à quel point j'adore ma langue, à quel point je la trouve magnifique et à quel point je considère qu'elle, en paraphrasant, "est la plus-meilleure-langue-du-monde". Je suis bilingue, je m'exprime bien en anglais, je suis capable de maintenir une conversation dans cette langue, mais je suis d'abord et avant tout francophone et fier de l'être, parce que ça devient de plus en plus rare aujourd'hui. Il s'agit d'une richesse inestimable que nous possédons et c'est notre devoir de la préserver du mieux qu'on le peut. On m'a enseigner que si tu veux étudier une culture, si tu veux voir l'histoire d'un peuple, regarde les traces de celle-ci dans la langue qui est parlée. La langue est l'indicateur premier d'une culture et si on se met à étudier le français québécois, on peut redécouvrir notre très belle histoires, dans ses moments forts, comme dans ses moments sombres. Regardons le nombre de blasphèmes que comporte notre français québécois! La manière dont ceux-ci sont utilisés et l'espèce d'interdit, de confrontation de l'autorité que renferme ces mots insignifiants ailleurs, ça reflète une partie de l'histoire de notre nation. La religion a exercé un tel contrôle sur notre mode de vie qu'encore aujourd'hui, si tu dis sacrament devant tes parents, ceux-ci te le reproche et ce, même s'ils ne sont plus croyant! Et la religion, c'est spécial au Québec. Combien de gens portent encore la croix, tout en se "foutant comme dans l'an 40" de la religion? C'est clair, le nombre de québécois qui sont influencé par l'Église en 2012, il n'y en a plus beaucoup... pourtant les traces de celle-ci sont toujours présentes, de même que les Églises sont toujours là, les messes sont toujours récitées le dimanche.
La religion du Canadien de MontréalOn entend souvent que le Canadien de Montréal est une religion et c'est une comparaison que je trouve très intéressante. Tout comme la religion catholique au Québec, le CH a connu son moment d'admiration intense, puis comme la religion catholique, il a perdu de son influence identitaire. Les mouvements d'émancipation qu'a connu le Québec autour des années 1960 a été marquée par plusieurs figures influentes, des meneurs qui allait diriger le peuple afin de prendre sa place et de s'identifier. Je ne veux pas vous dire des conneries en vous affirmant que le Canadien de Montréal n'a eu aucun impact là-dedans... Maurice Richard! L'image du Québécois, terassé par les maudits anglais qui le fesse à coup de bâtons dans face et qui décide un jour qu'il en a assez et qui sacre à son tour un bâton dans la face de l'adversaire, et qui après, est suspendu pour le reste de la saison. Le gars qui l'a suspendu qui a le culot de se présenter au Forum et qui déclenche une véritable émeute dans Montréal. ÇA, c'était une figure identitaire et à cette époque, les Québécois se voyait en Maurice Richard et en ces autres modèles et à cette époque, le Canadien de Montréal était LE club des Québécois, celui avec qui on allait à la guerre.
Peut-on en dire autant d'aujourd'hui? Quand même bien le Canadien alignerait 23 Québécois et serait diriger exclusivement par des Québécois francophones, aurions-nous cette même intensité identitaire? Non. Pourquoi? Parce que la lutte est ailleurs, les joueurs de hockey, comme les autres sportifs, font partis de l'élite sociale, pas de la majorité de la population, Personne n'a le style de vie d'un joueur de hockey, la comparaison est impossible. Je vois mal les Québécois allez à la guerre en lutte pour conserver leur droit avec Vincent Lecavalier qui gagne en un an ce que le Québécois moyen gagnerait en 200 ans. On en est rendu là, le CH, ce n'est plus qu'un simple divertissement. À l'époque, le hockey, c'était une analogie de la réalité, aujourd'hui, ce n'est qu'une machien d'argent qui ne fait que divertir. Si vous croyez qu'un entraîneur francophone ou anglophone va changer quoique ce soit à la place du français au Québec en 2012, ne vous demandez pas pourquoi on parle de Bruxellisation de Montréal, c'est peut-être parce que ce n'est pas vraiment à la bonne place qu'on s'acharne. Dans le temps, si le CH aurait renié Maurice Richard, ça aurait été une honte et une bonne raison de se révolter, mais aujourd'hui... Nous ne sommes pas plus mou, c'est simplement que le CH, c'est comme un souvenir, une page d'histoire. Tout comme un faux-croyant abordant une croix à Noël, on porte notre drapeau sur notre char le printemps, pas parce qu'on croit nécessairement que le CH défend nos droits en tant que Québécois et pas parce qu'on veut nécessairement qu'ils le fassent, de toute façon, il n'y a aucune chance qu'on se reconnaisse au milieu de gars qui refuse des contrats de 5 millions de dollar parce qu'il croit en mérité 6 millions. Non, on le porte parce que bin... c'est normal là...
La nomination d'un entraîneur uniligue anglophone intérimaire va choquer ceux qui croient encore que le CH représente quelque chose d'important à notre culture. Oui, c'est important le sport dans une culture, mais plus au niveau de la langue. La langue, ce n'est pas le CH qui la parle, c'est nous. Et malheureusement, la langue française au Québec, on la parle de moins en moins. Pas à cause de Canadien. Je vous pose la question, si le CH aligne 23 Québécois et n'est dirigé que par des Québécois, est-ce que ça changerait de quoi à la situation actuelle? Non. Ce que le CH est supposé représenter aujourd'hui, c'est le type de divertissement que l'amateur de sport veut voir. Si on veut voir un club offensif, que le CH mette la main sur un entraîneur possédant un style de jeu offensif. Si on veut des travaillants, qu'on embauche des travaillants. La culture, ce n'est pas juste une langue, c'est un système de valeur qui nous est propre et auquel on croit. Randy Cunneyworth ne parle pas français... mais possède-t-il des valeurs auquel les Québécois adoptent? Déjà, on le sait plus expressif que l'endormant de Jacques Martin, plus souriant, plus charismatique. Peut-on se réjouir de ça au moins? Parce qu'à vous entendre parler, on dirait que vous préféreriez un osti de trou de cul à un Randy Cunneyworth, tant qu'il parle français. Est-ce que la nation Québécoise ne se définit que par la langue française? J'espère sérieusement que ce n'est pas ce que vous croyez. Parce que si vous dites en français, la même affaire que les anglais disent en anglais, ce n'est pas ce que j'appelle une culture.
Lun 19 Déc - 18:25 par Jyjy1001