Carrément, c'est le premier match de la saison, jeudi soir, Canadien contre Toronto, tout le monde va mettre la game soit à la TV, soit soit au radio, que se soit en HD haute définition ou HD Hôpital définition, ça va être le coup d'envoi d'une autre saison qui sera peut-être, sait-on jamais, aussi parsemé d'émotions que l'an dernier. Et pour l'occasion, je vous propose un p'tit texte, question de vous crinquer un peu. C'est, somme toute, l'histoire du plus beau printemps de ma vie.
Durant la première série contre les Capitals, mon père est hospitalisé (rien de trop grave rassurez-vous, mais je ne vais pas étalez plus là-dessus). Le premier septième match, je me contrains de devoir l'écouter à la maison, seul, puisque les heures de visites à l'hôpital ne dépassent pas 8 heures. En d'autres mots, j'ai écouté la 1re période et j'ai dû quitté pour la suite. Fin du match, victoire innespéré, j'appelle mon père qui a réussi de peine et de misère à rester éveiller pour écouter la partie. C'était juste un appel pour le moment, sur le feeling. Mon père dû s'endormir quelques secondes après que j'ai raccroché. Et puis même scénario lors du premier match contre les Penguins. Toutefois on perd, et comme je sais mon père probablement fatigué, on s'en reparlera demain. Ce que je fus, mais bon, c'est sans importance.
En cours de temps, mon père est transférer dans un centre de réhabilitation adjacent à l'hôpital. En d'autres mots : fini les 1re périodes, là, c'est la game au complet que je vais regarder avec mon père. Toutefois, c'est la fin de session et comme j'avais des travaux de session à faire, j'ai passé pratiquement les matchs 2 à 6 à écouter plus ou moins la partie, regardant du coin de l'oeil la télé du salon pour voir le résultat. Je me rappelle d'ailleurs parfaitement de 2 buts coup sur coup de Maxim Lapierre et de Brian Gionta, buts qui resteront à jamais graver dans ma mémoire, puisqu'à partir de ce moment-là, je me suis dit "tough shit le travail de session" et j'ai écouté la fin de la partie. Ce soir-là, me suis couché assez tard pour finir mon travail de session. Mais ça en avait valu la peine. Et puis, 12 mai 2010, un mercredi (date que je n'oublierais probablement jamais), c'est LE match, le gros 7e match contre Pittsburgh. Le monde arrête soudain de tourner, le Québec en entier, partisan du CH ou non, partisan de hockey ou non, savait que ce soir, on arrêtait tous de vivre pour cette game-là, pour écouter nos 20 gars joué au hockey. J'ai l'image parfaite, de moi, assi sur une chaise engoufré entre la fenêtre et le lit d'hôpital de mon père, mon père, assi plus ou moins carré sur son lit, la TV devant nous (entre le lit et la chaise, au fond), soulevé par un bras mécanique qui sépare mon père et moi, mais on peut quand même se voir et se parler. On a les écouteur accroché sur la prise ou il se connecte à la télé, le volume au maximum pour pouvoir écouter le match (même si le son est bas, on entend pareil l'ambiance) et on est prêt, moi avec mon verre rempli de glace concassé (à la Scotty Bowman), mon père avec rien dans les mains.
Première période, ça commence, geste stupide de Crosby. J'exprime un peu trop ma joie et mon père me dit que si on marque un but, je ne vais pas devoir faire trop de bruit. Et ça n'a pas pris de temps, un tir faible, un but néanmoins et moi je saute en silence, mais je prends quelques secondes avant de comprendre que les acclamations que j'entends proviennent de l'aile complète où nous sommes. C'est assez évident : tout le monde écoute la partie! La période continue, Halak multiplie les arrêts. Et puis fin de 1re période, Lapierre fait tout une job derrière le filet, converse la rondelle, Moore prend la rondelle, se retourne, et marque de presque le ligne bleue. La c'est clair, aucune gêne, tout le monde capote dans l'aile! La première période se termine, mon père et moi on discute de tout et de rien sur la partie, mais une chose est certaine : on ne crie pas victoire, jamais! La 2e commence... pas assez vite. Mais assez rapidement, Andreï Kostitsyn nous fait oublier l'attente. Il y va de son plus beau jeu en carrière, remet au défenseur, passe transversale, le tic au tac et le toe, c'est Cammalleri qui catapulte la rondelle dans le fond du filet. Dans mon capotement, j'entrevois la réaction de Cammalleri, genou au sol, qui agite sa main gauche de haut en bas. Quelques secondes plus tard, un garde-malade vient faire se tourner habituelle. Demande c'est quoi la marque. 3 à 1. Repart. A oublié de demander à mon père si tout allait bien. La même scène se répètera quelques fois encore d'ici la fin de la partie. Sauf que là, pénalité. On se croise les doigts pour qu'Halak sorte de nouveau les miracles. On ne veut rien dire, même si c'est 3 à 0. Moen prend la rondelle, lance sur la bande. Contourne Gonchar, lance, COMPTE! Étouffement de "wouhou, yeeeeeah, un vrai cône, wow, Moen"! C'est 4 à 0, on capote tous intérieurement. Mais comme on a arrêté de vivre, ça nous fait rien, on reste focusé. C'est pas le Canadien qui joue, simonac, c'est tout nous autres. Et puis là, la rechute. C'est trop menaçant et ça fini par péter. Deux buts... Celui de Staal nous anéanti pratiquement. Le for tiendra-t-il encore pour les 25 minutes qui restent? On ne fait que prier depuis 1 heure et demi. Fin de la deuxième, interminable entracte, début de la troisième. Je suis nerveux comme pas possible. Si on me demande 2 et 2 font? je réplique à coup sûr une imbécilité. On est tellement focus sur le match, on a arrêté de vivre, quoi! Et en plus, (t'es chanceux qu'on soit pas en train de vivre mon cher arbitre) pénalité. Et ça commence. Tir de Malkin. Rebond à Crosby. Filet désert. Noooon.... OUIIIIII!!! Halak, in extremis. Plus rien va passer. Pas besoin de continuer, c'est fini, plus rien va passer. On pourrait continuer toute la nuit, pas une rondelle allait rentrer. On le savait tous... mais personne le disait. Au tour de Malkin. En avant du but, rien ne va passer. C'est comme essayer de percer un mur de brique à l'aide d'une seringue, impossible. Et puis soudain, pénalité penguins! Ouff, on va respirer un peu... Pas le temps, Brian Gionta, circuit en plein champ centre. Ça casse les reins des Penguins, et nous, on fait juste trop capoté pour s'en rendre compte! Encore 10 minutes, mais on le sait que ça sert à rien : rien ne va passer. Crosby, Malkin, Staal, de vulgaires seringues s'écrasant l'une après l'autre sur le mur. Soudain, avec exactement 3 minutes 14 secondes, je regarde mon père : "tu sais qu'on pourrait continuer encore longtemps pis rien passerait. Y'a plus aucune rondelle qui va passer à travers Halak ce soir et on pourrait jouer encore une autre game si tu veux!" C'est sorti. Seul moment de lucidité dans ce match je crois. Parce que les 3 minutes suivantes ont passés vites comme ça a pas de bon sens. On gagne, on peut recommencer à vivre. Je dis bye à mon père, à tout le monde que je croise. On me le renvoie. Je rentre chez nous, raconte un peu à ma mère, va me coucher... jamais. Pas été capable de dormir de la nuit. Et je l'avoue, j'ai lutté parce que je voulais que le plaisir continue. Je savais que demain, le feeling serait parti, alors je veux en profiter au max...
Fin de l'histoire.
Mon père revient à la maison au courrant de la série contre Philly, on se fait sortir rapidement, mais on s'en fou, parce qu'on sait que nous autres au Québec, on a déjà arrêté de vivre un soirée pour capoter comme jamais. Partout au Québec, ça se levait quand on marquait. Quand même que t'avais 104 de fièvre, t'aurais raté la game pour rien au monde. Moi, le 12 mai 2010, je l'ai passé avec mon père, en train d'écouter une game d'hockey et rien que ça. Vous autres, vous faisiez quoi?
Au tour de Price, Eller, White et tous les nouveaux de nous faire vivre ça. On s'en fou de qui était là, de qui jouait, ils jouaient et c'était tout. Leurs noms n'avaient aucune importance. On oublie tous les gars, l'été, c'est juste un cauchemar. On s'est endormi le printemps passé et on se réveille pour recommencer ça.
Au plus beau printemps de ma vie : qu'on recommence ça!
Bonne game tout le monde!